Culture équestre

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D’un cheval à l’autre

Avec « D’un Cheval l’autre » Bartabas signe un très beau livre en forme d’autoportrait. Une liturgie équestre de trois cent pages sur lesquelles il égraine les noms des compagnons qui ont partagé sa solitude et lui ont livré, chacun à sa manière, les enseignements d’une vie.

Évidemment, il s’épanche avec beaucoup d’émotion sur sa relation avec le majestueux frison Zingaro qu’il décrit tour à tour comme « son sang, sa chair » et « son fils » et pour lequel il a cette si belle phrase : « Et parce que nous fûmes deux amants se devinant du regard, les yeux dans les yeux à hauteur d’homme, je me suis toujours interdit de l’enfourcher comme un cheval. » Mais il conte aussi la composition organique de cette famille équestre hétéroclite qu’il a fondé il y a trente cinq ans et où se côtoient Espagnols, Akhal-Tekés, Sorraïas de l’Alentejo, Shires, peintres, constellations, dieux de l’Olympe et martyrs de la tauromachie.

Par un joli hasard, il se trouve que le livre s’ouvre et se ferme sur la S.E.P. C’est ici que Bartabas nous raconte comment, à dix-neuf ans, il achète son premier cheval : Hidalgo, un espagnol isabelle décrit comme « prédestiné à colporter la genèse d’une vie don quichottesque. » Et c’est également avec une allusion à Paul-Poursin de Longchamp et notre « petit manège » que Bartabas clôt le récit de cette vie cavalière : « Le petit Marty, neuf ans, s’est caché dans un coin de la tribune de l’étroit manège Chiapinni. Il observe, fasciné, le vieil homme au chapeau qui, en silence, instruit son cheval entre deux reprises. L’homme sait bien que l’enfant l’observe, mais ne dit rien, ne lui adresse pas même un regard, concentré qu’il est sur sa bête. » Il conclut sur un conseil que lui aura confié l’homme aux 2 500 000 reprises : « Le bon dresseur est celui qui sait doser ses demandes, il demande souvent et se contente de peu. L’idéal serait qu’il récompense quand le cheval a eu seulement l’intention d’exécuter le mouvement demandé, encourageant ainsi chez lui l’envie de faire. » Un joli conseil-maison à méditer….

 

« D’un Cheval L’autre », Bartabas, aux éditions NRF Gallilmard.

 

On conseille également « 2 500 000 heures de reprise, Histoire de la Société d’équitation de Paris » par Paul Poursin de Longchamp, aux éditions Belin, disponible à la vente au secrétariat.